L'innovation est en nous !

Tout ce qui inspire la création est inscrit en soi depuis l’enfance et à quoi bon se projeter dans le futur si on a oublié son passé. L’innovation est en soi, entremêlée dans nos pensées enfantines, celles qui n’avaient pas encore de vocabulaire, ni même de son et il faut réapprendre à regarder, sentir, écouter pour découvrir derrière ces multiples sensations, notre vision d’aujourd’hui. Laisser son esprit naviguer où il le souhaite et atterrir dans notre présent pour s’y ancrer.
Ce ne sont pas toujours les histoires qui se dessinent dans notre passé, ni même les visages, le son de sa voix. C’est seulement une impression, une couleur, un trait, quelques esquisses enfantines.
Et si l’on osait réveiller cet enfant, qui détient aujourd’hui la raison même de son existence, le sens de sa vie. Si l’on osait déconstruire ce que l’on a appris et plonger à l’intérieur de soi, naviguer dans l’océan de ses souvenirs, être cette infime goutte d’eau connectée au monde et voir ce qui se passe autour de soi, observer en mettant de la distance, une distance nécessaire et dans ce cercle, flotter, être en apesanteur, l’air est d’une douceur infinie, un régal qui enveloppe.
Et si l’on osait éclairer ce cheminement intérieur, celui de l’enfant qui dessine puis celui à qui on apprend à dessiner. Dans cette étape, les dessins perdent presque leur âme, leur vérité mais c’est la loi de l’apprentissage où il est nécessaire de représenter ce qui existe, les perspectives, l’ombre et la lumière, les proportions, les équilibres. Et que fait-on de notre imaginaire, de ce qui n’est pas visible, inscrit au fond de soi. Le peintre traverse toutes ces étapes, il dessine ce qui existe, il l’interprète, puis se lance dans la matière, y infiltre d’autres couleurs, perspectives, nuances. Il ose exprimer en tableau ce qu’il y a au fond de lui. L’important est cette pensée fugace, cet éclair que l’expression artistique propulse à l’extérieur de soi.
L’Art est un moyen extraordinaire pour naviguer au fond de soi, entre le dedans et le dehors, entre la culture, l’apprentissage et ce savoir de la petite enfance qui grandit. L’expression artistique a le pouvoir de réunir son dedans avec le dehors, un fil ténu presque transparent qui vous relie au monde.
Nous avons tous un nez, une bouche, des yeux et à peu de choses près, nous sommes tous différents. C’est ce « à peu de choses près » qui nous distingue et derrière chaque ligne ce sont nos pensées, notre histoire. L’artiste en nous est dans cette nécessité de tout percevoir, dans l'urgence de décrypter la nature de chaque personne, son essence, le monde. Il s’amuse à faire le lien entre la feuille, le crayon et son regard pour saisir cet infime, cet invisible, ce « peu de chose près » et reconnaître sur sa feuille son regard.
Il apprend ainsi à nourrir ses pensées, son univers, ses émotions, à découvrir ces multiples personnages qui logent en chacun d’entre nous, à les distinguer, les différencier, leur attribuer un rôle, une place différente. Il y a le personnage extérieur, celui qui apprend à parler, à dire ce que les autres ont envie d’entendre et puis tous ceux qui naviguent au fond de soi, muets, imprévisibles et tellement vulnérables s’ils ne sont pas suffisamment protégés. L’artiste esquisse leur allure, leur façon de parler, de faire bouger leurs traits, tous ces traits qui années après années soulignent une expression. Il apprend à dessiner entre les lignes, à puiser des intentions, des émotions. Il ne sait plus regarder autrement, son regard est directement relié à ses silences. Il trace chaque trait sur ses feuilles blanches, chaque mot, chaque phrase... puis il dessine entre les mots intérieurs... il invente, il innove, il crée !

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